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me faire arrêter, parceque je gâtois avec mes raiſonnemens ultramontains la bonne religion de ſes trois fils, dont le premier eſt aujourd’hui P. de S. Marc, et les deux autres membres à leur tour du C. de dix. Quelques-uns diſoient que le conſeiller Ant. C. inquiſiteur d’état lors de ma détention, et protecteur du théatre de Saint Ange m’avoit fait enfermer en qualité de perturbateur du repos public, puisque je ſifflois les comédies de l’abbé Chiari, lié à la clique du N. H. Marcant.S. Z. chef du parti de Goldoni : on aſſuroit que ſi l’on ne m’eût pas fait enfermer j’allois tuer le même abbé à Padoue.

Toutes ces accuſations avoient quelque fondement qui les rendoit vraiſemblables ; mais elles étoient toutes controuvées. Je n’étois pas aſſez ſoucieux de religion pour penſer à en bâtir une nouvelle. Les trois fils de Madame L. M. remplis d’eſprit étoient plus faits pour ſéduire que pour être ſéduits ; et M. de Cond. auroit eu trop à faire, s’il eût voulu faire enfermer tous ceux qui ſiffloient Chiari. Pour ce qui regarde cet abbé il étoit vrai que j’avois dit que je voulois aller à Padoue pour le tuer ; mais le père Origo illuſtre jéſuite m’avoit calmé en m’inſinuant que je