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à bout ; car il ne s’agiſſoit pas de briſer les petits morceaux de marbre, mais de pulvériſer par la pointe de mon eſponton pouſſée le ciment qui les uniſſoit : et je fus bien content, lorsque j’ai vu que la grande difficulté ne ſe trouvoit que ſur la ſurface. En quatre jours j’ai détruit tout ce pavé ſans que la pointe de mon eſponton s’endommageât : le luſtre de ſes ſurfaces étoit même plus beau.

Sous le pavé marmorin j’ai trouvé une autre planche comme je m’y attendois : ce devoit être la dernière ; c’eſt-à-dire la première dans l’ordre de comble de tout appartement dont les poutres ſoutiennent le plafond : j’ai entamé cette planche avec quelque difficulté majeure à cauſe que mon trou étoit devenu de dix pouces de profondeur. Je me recommandois ſans ceſſe à la miſéricorde de Dieu. Les eſprits forts qui diſent que la prière ne ſert à rien, ne ſavent pas ce qu’ils diſent : je ſais qu’après avoir prié Dieu je me trouvois toujours plus fort : il n’en faut pas d’avantage pour en reconnoître l’utilité : on prétend que cette augmentation de force ſoit un effet naturel de la matière rendue plus vigoureuſe par la confiance qu’elle eut en ſa prière ; et que cela ſe fait ſans que Dieu s’en