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les femmes écrivains de la france

Ce fut bien autre chose quand, après le départ d’Ivrande, entra le vrai Racan, qui, un peu asthmatique, arriva tout essoufflé et se laissa tomber sur un fauteuil.

— Oh ! la ridicule figure, s’écria Mlle de Gournai, ne pouvant détacher ses yeux de Racan et éclatant de rire : — Mademoiselle, je suis Latan, dit Racan, qui, on se le rappelle, ne pouvait prononcer ni les R ni les C.

— Comment, vous êtes Latan ?

— Je ne vous dis pas Latan, je dis Latan.

Et le pauvre poète faisait des efforts inouïs pour dire son nom qui, contenant malheureusement sur cinq lettres les deux qu’il ne pouvait pas prononcer, demeurait si étrangement défiguré que Mlle de Gournai pour le mieux comprendre donna une plume au malencontreux visiteur, qui de sa plus belle main écrivit : Racan.

— Racan ! s’écria Mlle de Gournai stupéfaite au delà de toute expression, oh ! le joli personnage pour prendre un pareil nom !… Au moins les deux autres étaient-ils aimables et plaisants !…