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les femmes écrivains de la france

procèdent ; il est d’une noble candeur de débuter en avouant, en célébrant celui de qui on s’est inspiré, des mains duquel on a reçu le flambeau, celui d’où nous est venu ce large fleuve de la belle parole dont autrefois Dante remerciait Virgile ; Mme de Staël, en littérature aussi, avait de la passion filiale. Les Lettres sur Jean-Jacques sont un hymne, mais un hymne nourri de pensées graves, en même temps que varié d’observations fines, un hymne au ton déjà mâle et soutenu, où Corinne se pourra reconnaître encore après être redescendue du Capitole. Tous les écrits futurs de Mme de Staël, en divers genres, romans, morale, politique, se trouvent d’avance présagés dans cette rapide et harmonieuse louange de ceux de Rousseau, comme une grande œuvre musicale se pose, entière déjà, de pensée, dans son ouverture. Le succès de ces Lettres, qui répondaient au mouvement sympathique du temps, fut universel. » (Sainte-Beuve.)

Mais une carrière toute nouvelle, la carrière politique, s’ouvrit devant elle. La Révolution française éclata. Lorsque tant de têtes étaient