Page:Carpentier - Dictionnaire du bon langage - 1860.djvu/5

Cette page a été validée par deux contributeurs.

langue maternelle, à signaler les taches qui en ternissent la pureté dans la bouche ou sous la plume de ceux qui la parlent ou l’écrivent. Cette partie négative, et pourtant essentielle, d’un cours complet de langue française a été, il faut le dire, singulièrement négligée dans nos écoles primaires et nos établissements d’instruction moyenne. Sans doute les bons traités de prononciation, les bonnes grammaires et les bons dictionnaires ne nous manquent point. Grâce à ces guides éclairés, nous parvenons à connaître les règles du bon langage ; mais n’est-il pas vrai que ces manuels, pour la plupart, oublient trop qu’ils s’adressent à des personnes qui ont à se corriger des défauts originels de terroir ? Ce n’est pas assez, à notre sens, d’apprendre à bien parler et à bien écrire ; il faut encore, et avant tout, désapprendre à mal parler et à mal écrire.

Nous nous sommes proposé de combler cette grave lacune de l’enseignement. Nous nous adressons donc aux wallons et aux flamands, voire même aux lecteurs que notre Dictionnaire pourrait rencontrer en France, et nous les avertissons de prendre garde à certains défauts de prononciation qu’ils semblent ne pas soupçonner ; nous leur signalons une foule d’expressions, de termes, de tournures, que réprouve le bon langage, ou que condamne un goût sûr et sévère : nous cherchons, en un mot, à les déprovincialiser, s’il nous est permis de parler ainsi.

Mais ce n’est que la moitié de notre tâche. Voulant donner à notre ouvrage un caractère de généralité qui en fasse un véritable manuel, même pour les personnes qui ont reçu une éducation complète, nous avons passé