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bourgeoise avec une imagination byronienne. Ce qu’il y a de constant, dans sa correspondance, c’est le souci de son intérieur, de son ménage, de ses enfants. Tout s’y ramène ; elle presse sans cesse ses amis de venir la chercher là où sont ses racines. Dans cette dernière partie de son existence, combien elle se montre différente de cette fantasque et superbe amazone d’un idéal chimérique, qui avait chevauché, dans de folles équipées, à travers tant de cœurs brisés ! C’est elle, c’est la même qui, ramenée dans des conditions à peu près normales d’existence et dans son cadre familial, décrit ainsi cette vie qui est devenue sa plus chère habitude et comme sa dernière religion. « À Nohant, c’est toujours la même régularité monastique : le déjeuner, l’heure de promenade, les cinq heures de travail de ceux qui travaillent, le dîner, le cent de dominos, la tapisserie, pendant laquelle Manceau[1] me fait la lecture de quelque roman ; Nini[2], assise sur la table, brodant aussi ; l’ami Borie ronflant, le nez dans le calorifère et prétendant qu’il ne dort plus du tout ; Solange le faisant enrager ; Émile (Aucante) disant des sentences. » Voilà bien le tableau de famille auquel se mêlent quelques profils d’amis. Car ce Nohant est une auberge hospitalière, tout à fait écossaise, ouverte toute l’année aux intimes. Le jour, quand elle se porte bien, elle travaille à « son

  1. Un jeune graveur malade, recueilli chez elle.
  2. Une de ses petites-filles.