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dit-il[1] » Et le portrait continue tranquillement sur ce ton modéré, égayé par quelques-unes de ces épigrammes dont l’auteur ne pouvait pas s’abstenir longtemps.

Pour ce premier portrait, il semble qu’il n’y ait plus à y revenir. La seconde partie de cette vie, de beaucoup la plus longue d’ailleurs, nous offre cet intérêt particulier, que c’est elle-même, par son propre choix, qui l’organise et la gouverne, « qui la soustrait, autant que possible, au hasard des événements ou au caprice des affections ». Suivons-la, quand elle est définitivement retirée de la vie d’aventure, de l’existence errante et sans foyer, dans l’intimité de Nohant, dont elle a si chèrement racheté les reliques et les souvenirs, où elle recueille ses enfants, où elle les voit grandir, où elle les marie, où plus tard sa joie profonde et calme de jeune aïeule se répandra sur la tête de ses petits-enfants sans suspendre un seul instant sa production incessante, sans gêner cette prodigalité d’un talent qui remplit près d’un demi-siècle de ses inventions et de ses rêves, de ses idées ou de ses passions, qui charme ou qui épouvante, qui remue l’âme de cinq à six générations. Car c’est un trait à noter que le silence, cette forme de l’oubli, n’a commencé pour elle qu’après sa mort. Tout le temps qu’elle a vécu, elle a écrit, et par là elle a puissamment agi sur ses contemporains ; c’est agir assurément que d’agiter ainsi les esprits d’un

  1. Lutèce.