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ne pouvait voir d’où l’eau venait ni où elle se rendait. Le comte d’Aveluy sonna de son cor de chasse pour appeler l’attention des habitants, et il fut tout surpris de voir le pont-levis s’abaisser de lui-même pour lui livrer passage. Le comte laissa son cheval à l’écuyer en le priant de l’attacher aux branches d’un arbre et de venir ensuite le retrouver, puis il s’engagea sur le pont-levis et put ainsi traverser le large fossé au fond duquel coulait le torrent.

L’écuyer ayant attaché le cheval ainsi que son maître le lui avait commandé, se présenta pour passer à son tour ; mais le pont se releva au moment où l’homme allait s’y engager et force fut au suivant du comte d’Aveluy de s’asseoir sous un arbre en attendant le retour de son seigneur qui lui promit de se hâter.

Le comte d’Aveluy pénétra dans la cour d’honneur de cet étrange château et il fut fort étonné de n’y pas voir âme qui vive. Sans trop s’inquiéter, le seigneur entra par la grande porte — qui s’ouvrit d’elle-même — dans les appartements tendus de drap rouge qui se présentaient devant lui.

À force de traverser des pièces désertes, le comte d’Aveluy arriva dans un grand salon où il entra.