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VII

le comte d’aveluy en enfer



Il y a bien longtemps, si longtemps, m’a dit mon grand-père, que le grand-père de mon grand-père le tenait de son « ratayon[1] ». Le comte d’Aveluy était en chasse ; suivi de son écuyer, il s’était mis à la poursuite d’un énorme sanglier qu’il avait débusqué d’un fourré. La course fut longue ; enfin le sanglier disparut tout à coup et le seigneur eut beau chercher, il ne put parvenir à retrouver les traces de l’animal. Le comte d’Aveluy descendit de cheval, se reposa, mais quand il lui fallut reprendre sa route, cela lui devint impossible ; il vit qu’il s’était perdu dans la forêt. Son domestique monta au sommet d’un arbre élevé et aperçut à quelque distance les tourelles d’un fort beau château totalement inconnu. Il fit part à son maître de ce qu’il avait vu et tous deux s’avancèrent dans la direction de ce château. Ils ne tardèrent pas à y arriver. Une grande rivière l’entourait ; les eaux coulaient rapidement et l’on

  1. Ratayon, trisaïeul.