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noix sur cet arbre et je serais fort aise de les emporter en enfer.

— Qu’à cela ne tienne, dit le démon. Je vais te les cueillir avec mes diablotins. Ce sera plus vite fait. »

Et en un instant le diable et ses compagnons furent sur l’arbre.

Les noix cueillies, les diables voulurent descendre, mais ce leur fut impossible. Le bonhomme Misère courut à sa forge et en revint avec une longue barre de fer pointue. Il piqua le diable et les diablotins tant et si bien que tous poussaient des cris à réveiller des morts.

— « Grâce ! grâce ! » hurlaient-ils.

Et Misère continuait à les piquer à la ronde.

— « Grâce ! grâce ! dit enfin le diable. Je te remets ta dette et je te laisserai en repos. Mais permets-nous de retourner en enfer.

— Tu me le jures ?

— Je te le jure ! »

Et le forgeron laissa partir le diable et ses compagnons.

Un an était à peine écoulé que le démon revenait proposer trente mille écus au bonhomme Misère, toujours sous les mêmes conditions.