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sacrait à faire trembler la maison. À la fin, voyant qu’il ne pouvait sortir de ce maudit fauteuil, le démon pria le forgeron de le laisser aller.

— « Me fais-tu remise de ma dette ? Romps-tu le marché ?

— Oui, oui ! mais laisse-moi, je t’en prie !

— Jure-le !

— Je le jure !

— Alors, je te permets de t’en aller. »

Le diable, meurtri, s’enfuit par la cheminée de la forge en poussant des gémissements épouvantables.

Un an après, le diable sut que le bonhomme Misère était sans argent. Il vint le retrouver, se promettant bien, à l’échéance, de ne plus s’asseoir sur le fauteuil, et lui donna vingt mille écus aux mêmes conditions que la première fois.

Le bonhomme Misère recommença ses parties de plaisir comme par le passé et, les dix ans écoulés, vit revenir le diable et dix de ses diablotins.

— « Eh bien ! Misère, nous partons, cette fois ?

— Oh ! oui ! Qu’y faire ? Je suis tout prêt, partons. Ah ! mais j’oubliais ; j’ai là de bonnes