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Le paysan s’en alla à la porte du purgatoire. L’archange qui la gardait entendant pan, pan à la porte, l’entrebâilla pour la fermer aussitôt. Que faire ? Où aller ?… Le forgeron, tout triste, prit le chemin de l’enfer.

Il frappa. Délicoton vint ouvrir. Mais, apercevant un visage qui ne lui était pas inconnu, il appela ses deux frères, Jean-Marie et Courentassé. Ces derniers n’eurent pas plus tôt reconnu le forgeron qu’ils appelèrent une bande de démons pour refermer la porte et empêcher l’intrusion de l’homme qui leur avait joué autrefois de tels tours.

La pauvre âme en peine, repoussée de tous côtés, alla de nouveau frapper à la porte du paradis.

— « Pan, pan !

— Qui est là ?

— Moi, le forgeron d’Acheux.

— Je t’ai déjà dit qu’on n’entrait pas.

— Je ne viens pas pour entrer, mais je viens de m’apercevoir que j’ai laissé rouler une pièce de monnaie sous la porte du paradis et je vous prie de me la chercher.

— Ah ça ! suis-je ton valet ? Entre et cherche ta pièce, si tu le veux. »