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de frapper et je veux te faire payer la musique de ces deux dernières nuits. Allons, dansons, chantons ! Bien, bien ; mieux encore !…

— Oh ! grâce ! grâce ! jamais je ne reviendrai et je te rendrai ton âme !

— Est-ce bien sûr ?

— Je te le jure, foi de Délicoton ! Mais laisse-moi aller !

— Descends, alors, et ne reviens plus. »

Encore plus honteux que Jean-Marie Diable, Délicoton retourna trouver ses deux frères. Il fut convenu que le troisième, Courentassé, irait se venger du forgeron. Celui-ci, pendant trois nuits, ne put fermer l’œil, piqué qu’il était par des milliers d’aiguilles que lui enfonçait dans la peau l’espiègle démon.

Ayant réussi à connaître le nom du nouveau diable, le forgeron l’appela et lui offrit son âme à condition que Courentassé se mettrait dans son sac pour quelques minutes. Courentassé consentit, mais il fut à peine dans le sac que le forgeron appela son voisin le savetier, qui vint à tour de bras piquer d’une longue alène le malheureux démon. Puis il mit le sac sur l’enclume et, appelant son garçon à son aide, il martela pendant