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donner autre chose que de l’argent. J’ai le pouvoir d’accomplir trois souhaits ; forme-les, je t’accorde à l’avance tout ce que tu pourras demander.

— Mais… vous êtes donc… sorcier ?

— Non, je suis mieux que cela : je suis le bon Dieu.

— Le bon Dieu !… En ce cas je vous demanderai… mais laissez-moi d’abord réfléchir…

— Hâte-toi.

— Je vous demanderai donc… premièrement… que celui qui viendra s’asseoir sur mon fauteuil y reste tout aussi longtemps que je pourrai le désirer ;… deuxièmement… que celui qui grimpera sur le gros poirier de mon jardin soit obligé d’y rester ! tout aussi longtemps que je le voudrai ;… troisièmement… que ce que j’enfermerai dans mon sac ne puisse en sortir sans mon expresse volonté. C’est tout.

— Tu n’exiges pas beaucoup, l’ami ! Eh bien, comme je te l’ai promis tout à l’heure, je ferai que tout ce que tu m’as demandé s’accomplisse à la lettre… mais, avant de partir, je veux te donner le conseil de ne jamais ferrer les chevaux ainsi que tu me l’as vu faire. Tu ne réussirais qu’à tuer tes bêtes. Adieu, l’ami. »