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un grand boisseau de blé et le sema dans le champ. Le blé germa, sortit de terre, poussa, poussa, et bientôt il se trouva prêt à être fauché, lié et battu.

Le diable étant revenu chercher sa part de la récolte, n’obtint que le chaume et quelques racines dont il ne sut que faire. Cela était loin de le satisfaire. Aussi alla-t-il tout furieux trouver le saint pour lui proposer d’autres arrangements.

— « Voyons, que veux-tu ? lui demanda Crépin.

— Je veux cultiver le champ par moi-même. J’y sèmerai une plante qu’il me plaira choisir. Si tu m’en dis le nom, le champ sera à toi tout seul, sinon il m’appartiendra. Cela te convient-il ?

— Oui. C’est convenu.

— À trois mois, alors ! »

Le diable s’en alla dans un pays lointain et en rapporta une plante inconnue du saint : la lentille. Il en sema dans le champ et attendit les trois mois.

Les lentilles germèrent, levèrent, poussèrent et couvrirent le champ ; le saint était en grand danger de perdre la partie, car, malgré toutes ses recherches, il n’avait pu trouver le nom de cette plante inconnue semée par le diable.

Quelques jours avant l’expiration des trois mois,