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cevait de la ferme. Le paysan regarda et vit que sa fille lui disait la vérité.

— « Réellement, il faut que tu te sois hâtée pour avoir fini si vite ! Tu peux t’habiller et aller danser le cotillon : je ne te retiens plus. »

Mais la femme du fermier, ne comprenant rien à ce qui venait de se passer, prit sa fille à l’écart et en obtint l’aveu du marché conclu avec le démon vert.

— « Ah ! ma fille, qu’as-tu fait ? Ne vois-tu pas que tu t’es livrée au diable, et que demain à ton réveil, c’est toi-même qu’il viendra chercher pour t’emmener dans son enfer. Tu as vendu ton corps et ton âme.

— Comment cela, mère ?

— La première chose que tu lieras à ton réveil ce sera toi-même, puisque pour t’habiller, il te faudra lacer ton corset. Tu es perdue, malheureuse. Il me faut aller de suite trouver monsieur le curé et lui demander conseil. Mais, en attendant, va à l’église prier le bon Dieu, car je ne sais trop ce qui nous arrivera. »

La jeune fille fort effrayée fit comme sa mère venait de lui dire, tandis que celle-ci allait trouver le curé et lui racontait ce qui était arrivé.