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gros tas de fumier que les domestiques y avaient conduits la veille.

— « Mais, papa, tu n’y songes pas ! Aujourd’hui, au moment de la fête, m’occuper d’un pareil travail ! Vraiment, c’est pour plaisanter que tu me dis ceci.

— Je ne plaisante pas, je parle fort sérieusement.

— Mais, enfin, tu sais bien que j’ai promis d’ouvrir la danse sur la grande place avec monsieur le marquis, ce jeune homme si…

— Encore une fois, je parle sérieusement. J’entends que cet ouvrage soit terminé avant que tu n’ailles au bal. C’est compris ! »

Et ce disant, le vieil avare laissa sa fille qui se mit à pleurer à chaudes larmes.

— « Vraiment, c’était bien la peine de songer si longtemps à cette belle fête et à ce bal pour lequel j’ai acheté de si belles robes sur mes économies ! Aller aux champs, par un pareil jour, pendant que mes compagnes seront à danser sous les tilleuls et que le jeune marquis sera à se demander pourquoi je ne serai pas là pour danser la branle !… Et puis, épandre des tas de fumier, la singulière besogne ! Mon Dieu, mon