Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/396

Cette page n’a pas encore été corrigée

des veillées d’autrefois. Le soir, le paysan et sa femme travaillent à quelque métier, et si l’on raconte quelque chose, c’est le journal à un sou arrivé de Paris dans la journée qui en fait tous les frais. Les contes et les légendes s’oublient, et l’on a honte de redire ces « vieilleries » du temps passé.

Quant à la chanson populaire, on croirait presque qu’elle n’existe plus. On a l’habitude de montrer le paysan chantant quelque joyeux couplet tout en conduisant sa charrue ; ce n’est certes pas en Picardie que cet usage se retrouve, et si les autres provinces ressemblent à celles du Nord, le laboureur de George Sand passera bientôt à l’état de légende tout comme les bergers de Théocrite et de Virgile.

Quand de nos jours le paysan se laisse aller à chanter, c’est aux jours de fêtes, aux mariages, aux baptêmes et alors que le repos, le bonheur ou… la bière l’ont quelque peu grisé. Et s’il chante, ce ne sont point les airs du vieux temps transmis par les ancêtres, mais les romances, les airs bachiques, les « scies » à la mode quelques années auparavant dans les concerts de Paris. On comprend dès lors combien il est difficile de retrouver ces restes d’un genre de vie disparu depuis cinquante ans. Étude préliminaire et approfondie du