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semaine dans ta chanson, que nous ne pourrons en retrouver la place de mille ans d’ici pour le moins. Tu recevras la juste punition des malheurs que tu nous attires. D’abord nous allons te faire un cadeau qui va bien nous divertir. »

Le chef des lutins fit un signe et deux goblins apportèrent une belle boîte d’argent ciselé qu’ils déposèrent aux pieds du roi.

— « Si c’est ainsi qu’ils pensent me punir, se dit Pierre, les petits hommes se trompent fort ; je les remercie beaucoup de m’offrir un pareil bijou. »

Mais sa joie fut de courte durée, car le lutin se baissant, ouvrit la boîte et en tira… la bosse enlevée à Thomas ! Le pauvre bossu voulut s’enfuir, mais deux goblins le saisirent, le lièrent en un tour de main et le couchèrent sur le sol après l’avoir déshabillé. Les petits êtres ne se sentaient plus de joie : ils battaient des mains, sautaient et trépignaient d’aise pendant que leur chef plaçait la bosse de Thomas sur la poitrine de Pierre ; ceci fait, on détacha le pauvre bossu à demi mort de terreur et de honte. Il est certain qu’auparavant ni après, on ne vit jamais un bossu plus difforme que Pierre à la suite de cette scène.

— « Ce n’est pas tout, l’ami, lui dit le go-