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regretter de nous avoir rencontrés, je te l’assure. Es-tu des nôtres, ami ?

— Parbleu ! répondit le petit bossu. Comment ne serais-je pas des vôtres ? Vous ne me connaissez pas encore, sinon vous sauriez que partout où l’on chante et où l’on danse, vous pouvez être assurés de trouver Maître Thomas le Bossu, autrement dit, votre serviteur. »

Et Thomas le Bossu accompagna ce dernier mot de sa plus belle révérence.

Pendant toute cette conversation, les lutins s’étaient approchés du bossu jusqu’à l’entourer. Thomas n’était qu’un tout petit bossu, mais il vit avec une évidente satisfaction que le plus grand des goblins lui arrivait à peine au-dessus des genoux.

À peine eut-il donné son consentement à la proposition que le chef des lutins venait de lui faire d’une façon si aimable, que Thomas se vit prendre les mains par deux des petits êtres, et entraîner vers la prairie voisine.

Le chef se plaça au milieu du pré sur un trône de circonstance fait d’une borne abandonnée, et des musiciens se mirent aux quatre coins du champ après s’être fait des « pipettes » de quelques brins d’herbe.