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— « Amis, dit-il, l’aurore va bientôt paraître et il nous faut songer à regagner nos demeures. Sans cette gentille herminette, qui a pris soin de nous avertir, nous courions le risque d’être ici surpris par le jour. Mais avant de quitter cette forêt, il nous faut récompenser ce brave ménétrier, qui a bien voulu nous faire passer ici une nuit si agréable. Je sais que c’est un pauvre homme et que quelques pièces d’or dans son escarcelle ne sauraient lui nuire. Donnons-lui donc tout ce que nous avons sur nous.

— Oui ! oui ! c’est cela ! » crièrent les lutins.

Et chacun d’eux donna quelque chose à l’homme ; pour l’un ce furent des pièces d’or ou d’argent, pour d’autres un diamant ; l’un donna une belle veste brodée d’or pour le fils du violoneux, un autre une robe d’un travail exquis pour sa fille ou un bonnet pour sa femme. Ceux d’entre eux qui n’avaient rien lui confièrent quelque important secret ou lui dévoilèrent la vertu de quelque plante ou de quelque fleur. Mais le plus beau présent fut celui du petit goblin Din-Don, le roi des lutins. Il offrit au ménétrier un violon tel que jamais n’en avait possédé aucun violoneux. Ce violon, fait d’un bois inconnu et