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le pâtis communal, et que, malgré cela, l’herbe était toujours en cet endroit la plus grasse et la plus belle. C’était fort étonnant et le berger n’y comprenait rien. Il voyait bien ses moutons dévorer l’herbe, mais toujours celle-ci repoussait plus abondante que jamais. Un jour, il s’avisa de creuser le sol en cet endroit pour voir ce que ce terrain offrait de particulier. D’abord il ne trouva rien ; mais ayant dans son impatience enfoncé sa houlette d’un fort coup dans le sol, il retira le fer de son instrument tout couvert d’un sang vermeil. Le berger, encore plus intrigué, déblaya la terre et découvrit bientôt le corps de la Sainte Vierge portant l’enfant Jésus dans ses bras.

Il prévint le seigneur d’Ancre (Albert), qui avait des droits sur Brebières, et ce dernier fit conduire processionnellement la Vierge de Brebières, trouvée d’une façon si extraordinaire, dans l’église paroissiale d’Ancre.

Mais le lendemain, quand le curé entra dans l’église, la Vierge et l’Enfant Jésus avaient disparu. On crut à un sacrilège, à un enlèvement ; on chercha de tous côtés, et l’on finit par découvrir la Vierge et l’Enfant dans un coin tout isolé de la ville, non loin de la rivière d’Ancre.