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lant et dansant, qui semblaient prêts à faire un mauvais parti au pauvre homme. Celui-ci ne faisait que se signer pour les chasser.

Enfin, harassé, mourant de fatigue, le paysan put arriver avec son fardeau à l’église de Notre-Dame. La porte s’ouvrit d’elle-même devant eux et ils purent entrer et aller se placer près de l’autel de la Sainte-Vierge de Brebières.

Un fantôme, revêtu des ornements du prêtre, officiait. La jeune fille répondit à la messe ainsi que l’eût fait un enfant de chœur. Quand le curé-fantôme eut dit l’Ite missa est, la jeune fille répondit Amen et vint se replacer sur les épaules de son père, qui, cette fois, ne lui trouva aucun poids.

— « Mon pèlerinage est accompli, père. Porte-moi au cimetière, à mon tombeau. Tu ne me reverras plus, car je vais aller au ciel. N’oublie jamais à l’avenir d’accomplir toutes tes promesses. Un vœu non rempli empêche d’entrer en paradis. »

Et le paysan ramena sa fille au cimetière. Là, sa fille le quitta et, à dater de ce jour, il ne la revit plus.

(Conté en 1878, par M. Frédéric Darras, de Warloy [Somme]).