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idée du paysan fut de fuir ; mais que pouvaient faire ses vieilles jambes usées pour le faire échapper à un animal tel que le loup ? C’est ce que comprit le ménétrier. Il avait sous le bras, outre son violon, une grosse galette qui lui avait été donnée à la fête et qu’il avait soigneusement conservée pour la rapporter à sa femme et à ses enfants. Il se faisait une fête de la leur donner tout entière et de leur montrer par là qu’il ne les avait pas oubliés pendant son absence, mais… le loup était là menaçant et l’homme trouva qu’il n’avait rien de mieux à faire que de casser un morceau de sa galette et d’essayer de calmer le loup en le lui jetant dans la gueule. C’est ce qu’il fit ; le loup mangea le morceau de galette, mais continua de suivre le pauvre ménétrier, qui marchait du plus vite qu’il pouvait sans avoir l’air de courir et de vouloir s’échapper.

Bientôt le loup parut revenir à sa première idée de se jeter sur le vieux paysan et de n’en faire qu’une bouchée. Il s’en rapprocha insensiblement jusqu’à ce qu’il en vînt à lui toucher les jambes du bout de son museau. Tout tremblant de frayeur, le pauvre ménétrier prit un nouveau morceau de galette et le jeta au loup un peu en