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qui le suivirent jusqu’au village en croassant.

Le paysan put rentrer chez lui sans autre incident.


II

le loup-garou du bois aux fées



Chaque samedi, dans ce même Bois aux Fées, on pouvait voir un homme qui, après avoir déposé ses habits sur un buisson, se « touillait » (roulait) dans la vase de la mare et ne tardait pas à en sortir transformé en loup. C’était le loup-garou (en picard Louerrou — Loup-werrou) du Bois d’Orville. Le loup-garou se rendait aussitôt à Orville ou à Thièvres, entrait on ne sait comment dans une bergerie et en enlevait un mouton qu’il emportait au Bois aux Fées. Les sorcières, les fées et le Diable arrivaient, allumaient un grand feu de broussailles, faisaient cuire le mouton, le dépeçaient et le mangeaient avec le loup-garou.

Un homme guetta un soir le loup-garou en se cachant dans un buisson, et le vit reprendre sa forme humaine aussitôt que les habitués du Sabbat se furent retirés.