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— « C’est sans doute un livre de sorcière, » pensa-t-il ; et il le ramassa et le mit dans sa poche. En ayant assez vu, il sortit du bois comme il y était entré et reprit le chemin du village. Mais là, il ne put se rappeler quelle était la voisine qu’il avait vue au Sabbat. Ayant cherché inutilement, il ne s’en préoccupa plus et alla montrer son livre au curé. Celui-ci l’ouvrit et n’y vit que des feuilles de papier blanc.

— « Ce livre est un livre de magie, dit le curé au paysan ; les sorciers et les démons seuls peuvent y lire des choses que nous n’y voyons point. Il te faut samedi soir reporter le livre aux sorcières, sinon il t’arriverait malheur. »

Au Sabbat suivant, le paysan retourna au Bois aux Fées, y trouva les sorcières qui l’accueillirent avec joie, leur rendit le livre et se retira. Jusqu’au bord du bois, les fées et leurs compagnes l’accompagnèrent en disant :

— « Tu as bien fait de rapporter notre livre ! Tu as bien fait ! Il t’en aurait coûté bien cher ! Tu as bien fait ! »

Et puis ce furent de gros corbeaux — si nombreux qu’on eût cru que tous les corbeaux des pays voisins s’étaient donné là rendez-vous —