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Quelques jours après les juges décidèrent que le Diable ou le sorcier qu’on avait pris serait brûlé solennellement sur la place de la ville.

Le comte d’Aveluy alla lui rendre visite à la prison et lui demanda s’il craignait beaucoup la mort et surtout la mort par le feu.

— « Que m’importent vos supplices ? Ce n’est rien auprès des miens. Du reste, je ne mourrai pas complètement ; de mes cendres sortira un oiseau noir qui me reproduira plus tard. »

Ce que le diable avait dit arriva en effet. On le brûla, et quand le corps fut consumé, un gros oiseau noir sortit du bûcher et s’envola en poussant un grand cri. À l’heure même, le château du diable disparaissait et était remplacé par de grands arbres.


Conté en juin 1878 à Mailly-de-la-Somme, par M. Philogone Dignocourt, d’Auchonvillers, élève du pensionnat Breuval.