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furent vendus de façon à payer le prix de la farine et le travail du boulanger.

Dans cette matinée du huit quatorze, nous voyons les ordonnances nettoyer le coin du salon où les officiers ont déposé les traces ignobles de leur orgie.

Notre voisine, Mme Leroy, me demande d’intervenir aupres d’un soldat qui pille ses armoires. Je touche cet allemand à l’épaule, il se retourne furieux, en titubant et me repousse du canon de son révolver appuyé contre ma poitrine. Affolée, Mme Leroy m’entraine. Sa fille nous rejoint, toutes deux m’accompagnent. L’autre voisine, Gabrielle Rebout m’appelle à son secours. Mme Leroy s’écrie d’un ton de désespoir : « Vous y allez ! — Je vais voir. » Les soldats n’ont pas d’arme. Je les empoigne tous les deux violemment par un bras. Surpris ils se laissent enmmener jusqu’à la porte de la rue. Un officier passait je l’invite à constater le pillage des soldats. Nous rentrons tous les quatre chez Gabrielle, l’officier est vexé. Je me retire. Je l’entends crier d’un ton furieux apres les soldats.