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voleurs, pillards. Ils nous donnent l’impression d’êtres à moitié sauvages. Ils nous montrent des oreilles d’allemands qu’ils sortent de leurs musettes. Parfois, ces oreilles sont encore toutes fraiches, le sang est vermeil, n’est pas encore coagulé, et leurs mains sont tachées de sang. On m’a raconté que l’un d’eux a un jour exhibé une tête entière d’allemand.

En l’espace de 15 jours, nous vîmes des goumiers 4 ou 5 fois à Croisilles. Ils nous donnèrent une représentation de fantasia. Je me figurais que j’allais assister à un art d’équitation inconnu chez nous. Je fus bien déçu. Ces cavaliers partaient de pied ferme au galop, agitant leur carabine de la main droite et poussant des cris. Ils arrêtaient brutalement leurs chevaux qui se cabraient et repartaient au galop en changeant de pied. Je fus écœuré de cette tant de brutalité. J’ai félicité le