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SOUVENIRS
DE
MA JEUNESSE
AU TEMPS DE LA RESTAURATION




Au Pérennou, 30 octobre 1870.


La pluie bat mes fenêtres, et, sur la mer qui m’environne, l’orage roule en grondant comme une canonnade lointaine. À l’impassible ciel d’azur qui semblait insulter à mes souffrances succède un ciel triste comme mon âme. Toute promenade est impossible ; rien, d’ailleurs, ne m’intéresse à cette heure dans ces lieux désertés où je demeure comme écrasé sous le poids de mes pensées. Mon Dieu, combien a été rapide dans sa course la trombe qui vient de passer sur mon pays en m’atteignant dans le repos de mon foyer, et que votre Providence fait bien de nous cacher l’avenir pour nous laisser au moins savourer en paix la passagère douceur de nos jours heureux !

À l’ouverture de cette année fatale sur laquelle se