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CHAPITRE XXXVI.

viez fait envisager dans le mariage, en me faisant épouser une femme aimable, sensible et vertueuse ; les suites délicieuses qu’on devait espérer d’un pareil engagement, une vie nouvelle, bien différente enfin de celle que l’on passe dans une dissipation continuelle, où, en voulant tenir à tout, on ne tient à rien ; le plaisir si doux qu’on éprouve à se voir renaître, l’espoir de donner à l’État des sujets utiles et vertueux, mille biens que je sentais qu’il fallait avoir goûtés pour les bien connaître. Je les voyais tous dépendre de mon mariage avec madame de Ricion. Sans avoir prononcé ce mot, nous avions tous deux le même projet et la même pensée. Toute mon inquiétude venait de savoir s’ils seraient approuvés de ses parens, s’ils n’y mettraient pas quelque obstacle, ou au moins quelque retard : pourquoi ce prompt départ, pourquoi madame de Ricion remettait-elle au