Page:Carmontelle - Les Femmes, tome III.djvu/228

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
222
LES FEMMES.

qui n’étaient pas dans le porte-feuille. J’y vis tout ce qui s’était passé dans son ame depuis le moment de notre séparation. J’y vis combien elle avait combattu sa passion en se résolvant à ne vouloir jamais m’oublier, et s’occupant sans cesse de moi essentiellement. J’y vis qu’une lueur d’espérance qu’elle voulait me cacher, perçait malgré elle au travers du voile qu’elle croyait y mettre. Elle craignait toujours de manquer à la vertu en décrivant des sentimens dont je ne devais peut-être jamais connaître la continuation. Je dévorais ses lettres. J’arrivai enfin au moment où elle n’était plus occupée que de la crainte que je ne l’eusse oubliée. C’était celui de la mort de M. de Ricion. Elle me l’apprenait avec une décence qui semblait craindre de manquer à sa mémoire. Elle louait sa patience au milieu de ses maux, la bonté de son cœur, ses égards pour elle, ses craintes que les