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CHAPITRE XXXV.

ame une autre passion, et je ne sais pas trop alors ce que l’on peut penser pour un amant qui ressuscite inopinément, comme le duc, sans l’avoir laissé prévoir. Je crois que c’est comme un mari qui revient d’un long voyage. On ne voit plus de Pénélope, et je pense que l’amour s’use autant par les larmes que par les plaisirs et par l’absence.

— Cela pourrait arriver.

— Savez-vous qui je pourrais trouver le plus à plaindre dans tout ceci ?

— Non, sûrement.

— Eh bien ! ce serait l’amant qui s’en croirait aimé.

— S’il en était un.

— Je le suppose. Voyez donc quelle doit être sa position ; car il ne peut guère espérer qu’elle n’épouse pas le duc. Supposé qu’en l’épousant elle ne l’aime plus, il faudra qu’elle feigne de l’aimer au moins, et il faudra du