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Le commerce de la Russie, dans la période de libre échange qui finit en 1824, montait, nous l’avons vu, à 32 millions de dollars. Prenant un développement gradué par suite de mesures favorables au commerce domestique, il s’élevait, au début de la guerre de Grimée, à 75 millions de dollars.

Les exportations nationales de Belgique, en 1828, ne s’élevaient qu’à 156 millions de francs. En 1850, elles étaient de 263 millions, et en 1856, elles avaient atteint 375 millions ; — l’exportation de subsistances de ce petit pays, avec ses quatre millions et demi d’habitants, avait ainsi dépassé la moyenne de l’exportation américaine dans la décade qui finit en 1855, — qui comprend les famines en Irlande et les années de très-mauvaise récolte d’Allemagne et de France. La Belgique cependant suit le conseil d’Adam Smith, elle combine ses subsistances et sa laine sous forme de drap, qui peut voyager à meilleur marché le plus loin possible.

L’Espagne, toute pauvre que l’aient faite « la guerre » avec les contrebandiers de Gibraltar et des révolutions répétées, a élevé ses exportations du chiffre de 71 millions de réaux, en 1827, à celui de 166 millions en 1852. L’Allemagne, comme nous l’avons vu, a élevé sa demande de coton de moins de 400.000 quintaux qu’elle était en 1836, après de 1.400.000 en 1851, — Le total de ses importations dans la même période s’est élevé de 105 millions de dollars à 185 millions. — La Suède aussi a suivi la même direction,

    Prusse, l’Allemagne et la Suisse, la France a attiré une grande partie du commerce de l’Océan avec l’intérieur de l’Europe, le détournant de ses anciens canaux, l’Angleterre et la Hollande. Ainsi le système qui vise au développement intérieur tend à l’emporter sur celui des deux pays de l’Europe qui ne visent qu’au négoce exclusivement.
      Pour montrer comment le commerce domestique et le commerce étranger s’aident réciproquement, et quel développement extraordinaire prend le pouvoir qui résulte de leur action rendue plus efficace par la combinaison, nous citerons le passage d’un mémoire lu à une réunion de la société anglaise pour les progrès de la science, qui s’est tenue dernièrement à Leeds.
      « On peut calculer que, pendant ces six années, pour les chemins de fer seulement, il s’est dépensé en France près de trente millions de livres sterling par année, — c’est à peu près autant qu’il en a fallu pour nos difficultés de chemins de fer. Puis est venue la guerre de Russie, la récolte de soie a manqué, et il y a eu deux récoltes insuffisantes de céréales. Comment alors a-t-on fait face à toute cette dépense ?… l’explication réelle, la voici : les rapports officiels ont montré que depuis 1845, 1a balance du commerce a été de beaucoup plus que cent millions sterling en faveur de la France, — la demande pour articles de France étant venue des États Unis, de l’Australie, par suite des découvertes de l’or. »