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rien de semblable ; — ses lecteurs sont formellement avertis « que rien n’est plus difficile que de poser des règles qui n’aient point d’exception[1]. » En conséquence, après leur avoir affirmé l’existence d’une grande cause de vice et de misère, il leur expose ensuite presque autant de causes qu’il se présente de sociétés à étudier, choisissant toujours parmi ces causes celle qui s’accommode le mieux à son dessein. Là où les subsistances abondent, le vice et la misère prennent place comme causes d’excès de population. — Là où les subsistances sont rares, ils deviennent des effets. Si le débouché est proche, et les denrées à haut prix, l’excès de population est un effet. Si le débouché est éloigné et les subsistances à bas prix, vice et misère sont les conséquences. — Si l’infanticide est fréquent, l’excès de population est regardé comme pleinement prouvé. Si la durée de la vie est prolongée, l’excès de population est la conséquence nécessaire. — Si les subsistances sont rares, l’homme devient esclave ; si elles surabondent, l’esclavage est le résultat inévitable. — Si le gouvernement est oppresseur, l’abandon de la terre est une cause d’excès de population. Si les impôts sont légers et que la culture s’étende, alors surgit une nécessité de cultiver les sols plus pauvres. — Les produits ne se vendent pas, ce qui retarde l’agriculture ; doublez ou même triplez la quantité des subsistances, « et vous pouvez être certain que les bouches ne manqueront pas pour les consommer[2]. » Des inégalités de distribution appellent un remède. « Si l’égalité était dans la population, la difficulté serait imminente et immédiate. » — Les épidémies pavent la voie vers une augmentation de population. Les mariages peuvent ou ne peuvent pas suivre une grande mortalité. — Plus les sols sont riches, et moins il y a de population pour manger les produits, plus il y a tendance à la pauvreté et au dénuement. Plus une contrée est productive et populeuse, plus il y a besoin de restrictions. — « Il est très-probable » que les guerres constantes ont donné aux Volsques une population compacte d’hommes vigoureux. Les guerres constantes parmi les Arabes sont cause que la population exerce une rude pression sur les subsistances, — ce qui produit « un état habituel de misère et de famine. »

Visité par l’idée d’un fantôme de fait, M. Malthus exerce au service de cette idée une presse sur une quantité de faits réels, — qui,

  1. Principles of Population, liv. II, ch. xiv.
  2. Ibid., liv. II, ch. ii.