CHAPITRE XLIX.
THÉORIE MALTHUSIENNE.
La grande cause qui jusqu’ici s’est opposée au progrès de l’humanité vers le bonheur, — à laquelle nous devons que la misère et le vice règnent si généralement, — à laquelle nous devons l’inégalité qui existe dans la distribution des bienfaits de la nature, — c’est, nous a dit M. Malthus, « la tendance constante de toute la vie animée à s’accroître au-delà des subsistances préparées pour elle[1],… » avant de discuter la justesse ou l’inexactitude de la proposition ainsi émise, il sera bien de préciser pour nous-mêmes et avec soin le sens du mot préparé, tel qu’il est soumis à notre considération. Un père qui aurait mis à la disposition de sa famille tout le contenu d’un grenier bien rempli, a-t-il, ou n’a-t-il pas préparé de la subsistance pour elle ? S’il leur a donné, dans la plus grande surabondance, tous les matériaux de combustible et de vêtement ; s’il les a doués de tout le savoir pour la transformation de ces matériaux, sera-t-il juste de l’accuser de n’avoir rien préparé de ce dont ils avaient besoin pour la préservation de chaleur vitale ; et cela sous l’unique prétexte qu’il a refusé de moudre le grain, de cuire le pain, de couper et transporter le bois, de tisser le coton et de lui donner la forme de chemises et de pantalons ? Après qu’il a mis à leur disposition de quoi pouvoir se nourrir et
- ↑ Malthus, Principles of Economy, liv I ch. i