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devenir aliment convenable. Chaque pas dans cette voie est suivi d’un accroissement du nombre d’individus qui peuvent tirer leur entretien d’une surface donnée, et d’un accroissement du pouvoir de combinaison pour obtenir les moyens d’un progrès nouveau[1]. Chaque demi-acre ainsi cultivée fournit plus de subsistance qu’on n’en pouvait obtenir d’un millier d’acres, alors qu’elles étaient le parcours du pauvre et infortuné sauvage des prairies de l’ouest.

Qu’il y ait amélioration graduelle dans les moyens institués par le Créateur pour proportionner l’offre de subsistance à la demande d’une population constamment croissante, cela se manifeste dans les faits:

Que la dépense de forces humaines pour obtenir la subsistance, et la quantité dé subsistance pour faire face à cette dépense sont des quantités constamment décroissantes ; que l’homme substitue graduellement le régime végétal au régime animal, que la quantité de subsistance produite augmente en raison de cette substitution ; que les utilités diverses des choses produites vont se développant de plus en plus; qu’il y a de jour en jour plus d’économie de l’effort humain, — et qu’à chaque pas du progrès il y a accroissement du pouvoir de maîtriser et diriger les forces de la nature, — comme cela se voit par le défrichement, le drainage et la mise en culture de sols que leur richesse même avait rendus inaccessibles aux cultivateurs primitifs.

§ 2. — Substitution de la nourriture végétale au régime animal. Elle fait que l’action de l’homme sur la nature devient plus directe, — moins de frottement et augmentation de pouvoir.

Quel est cependant l’effet de cette substitution du régime végétal au régime animal ? La réponse est dans cette observation :

  1. « En admettant (ce qui est à peu près au-dessus du doute) qu’une moyenne de six litres de nourriture animale par jour soit nécessaire pour chaque individu qui ne devrait exclusivement que de viande, et qu’une acre de terre, consacrée à nourrir du bétail, ne produise pas plus que huit ou dix onces de chair par jour, il faudrait dix ou douze acres pour la subsistance d’un individu par an, tandis qu’une acre cultivée en blé en peut nourrir trois, et que, selon Gurwen, une acre en pommes de terres en peut nourrir au moins neuf ; de sorte qu’un régime de pommes de terre et de fruits pourrait nourrir une population à peu près cent fois plus considérable qu’un régime exclusif de viande. Aux prix courants de Londres, dit le docteur Lyon Playfair, un homme peut fabriquer une livre de chair sur son corps avec du lait, à raison de trois shillings et neuf pences ; avec des pommes de terre, des carottes et de la viande de boucherie, sans os ni graisse, à raison de deux shillings ; avec la farine d’avoine, à raison d’un shilling et dix pences ; avec du pain, farine et farine d’orge, à raison d’un shilling et deux pences ; avec des fèves et des pois, à moins de six pences. » — Fruits et Farinacea, p. 288, 289.