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culé à 52 sh. 6 d. le quarter et le salaire d’un journalier ordinaire à 8 d. ce qui lui permet d’acheter à peu près un boisseau et demi de blé par le travail d’une semaine. À la même date cependant que ces pièces officielles, nous avons le rapport d’un voyageur anglais de la plus haute intelligence qui visitait l’Irlande pour étudier la condition de la population ouvrière. Il nous apprend que 10 d. par jour sans nourriture est le taux le plus élevé des salaires ; et que souvent 6 d. sont volontiers acceptés ; mais que, dans la pratique la plus usuelle, c’est 6 deniers avec la nourriture[1].

C’est peu de chose, et pourtant cela donne 3 sh. par semaine et la nourriture. L’écrivain qui étudiera ces questions à des siècles de distance trouvera le fait difficile à concilier avec le tableau, que l’on s’est accordé à tracer au public anglais, d’un peuple qui meurt de faim par millions. En examinant la chose de plus près cependant il trouverait que l’emploi n’a été, comme règle, qu’occasionnel et que tandis que dans une localité les soixante-dix pour cent de la population n’étaient point constamment employés, sur tel autre point on pouvait louer « deux centaines de journaliers au prix de 4 d., même pour un service purement temporaire, » et que le travailleur n’avait pas en moyenne pour l’entretenir lui et sa famille plus de 4 d. Résumant le résultat de ses observations notre voyageur, et on ne peut le soupçonner d’aucune disposition à exagérer en mal les conditions du travailleur, conclut que dans un pays où le travail continu n’existe pas pour la moitié de la population, on serait dans le faux si on calculait qu’en moyenne le travailleur touche un salaire pendant plus d’une moitié de l’année. Dans cette demi-année on ne peut pas évaluer ce salaire à plus de 8 d. pendant quatre mois et pour les autres deux mois, les semailles et la moisson, à plus d’un shilling. Les 104 jours de travail à 8 d. donnent 3 1. 9 s. 4 d. ; et en ajoutant les 52 jours à 1 sh. on a 64. 1 sh. 4 d. pour le total du salaire moyen du travailleur dans son année. Cette somme divisée par 365, le nombre de jours pendant lesquels il doit s’entretenir lui et sa famille, ne donne pas par jour quatre pence, « j’ai la parfaite conviction, ajoute-t-il, que si l’on additionnait tous les salaires annuels des travailleurs de l’Irlande et qu’on divisât la somme par le nombre des travailleurs, le calcul

  1. Inglis. Ireland in 1835.