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ressée à favoriser la circulation de l’une à l’autre, — car ce doit être leur visée, si elles désirent accroître la concurrence pour l’achat des utilités qu’elles ont à vendre. Il y a donc harmonie parfaite entre les intérêts internationaux, car toutes les lois de la nature tendent à établir la liberté et la paix dans le monde entier.

Cela étant, il s’ensuit nécessairement qu’un système de conduite adopté par une société dans le but d’affaiblir, n’importe dans quel pays, le pouvoir de production, est une offense contre l’humanité en masse, et doit être considéré comme telle.

§ 3. — La concurrence pour l’achat du travail tend à la liberté ; la concurrence pour sa vente est le désir du trafiquant.

Plus il y a concurrence pour acheter le travail, mieux le travailleur est à même de choisir la besogne, le genre d’occupation auquel ses forces s’appliqueront et la personne avec qui ou pour le compte de qui il travaillera. Aussi il exercera un contrôle sur le partage dans les choses produites. La concurrence pour l’achat du travail conduit donc à la richesse, à la liberté, à la civilisation.

Plus il y a concurrence pour vendre le travail, moins le travailleur a la faculté de décider comment, pour qui, et à quelles conditions il travaille. La concurrence, pour la vente du travail, conduit donc à la pauvreté, à l’esclavage, à la barbarie.

Le planteur d’Alabama, du Texas, de Cuba ou du Brésil, ne tolère pas la concurrence pour l’achat du travail des bras qu’il emploie sur le sol où il s’est établi. Il exige que chaque travailleur ne remette qu’à lui les produits du travail, et il fait le partage comme il lui convient. Les résultats se manifestent par ce fait qu’ils ont, lui et eux, peu à vendre, et par conséquent sont peu en état d’acheter les produits des autres. — La destruction de la concurrence pour l’achat du travail dans le pays, est suivie d’une diminution de concurrence pour son achat au dehors. L’esclavage dans une des sociétés du monde, tend donc à produire l’esclavage dans toutes.

Le trafiquant non plus ne tolère pas la concurrence, et, s’il le peut, la prévient par tous les moyens. L’histoire du monde est une légende de ruses pour défendre des monopoles, — à commencer par les expéditions secrètes des Phéniciens, jusqu’à l’événement contemporain de la destruction de l’industrie cotonnière de l’Inde et la promulgation sur tout cet immense territoire des lois de patente, qui défendent de perfectionner l’outillage sans l’autorisation de gens qui vivent à plusieurs milliers de milles de là. Il y a