Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

célération de mouvement au centre en produit une qui croit en raison du carré de la distance, et amènera une mine dont l’intensité ira croissante à mesure que nous passons du point d’application de la force à ceux de plus en plus éloignés sur lesquels il agit. Ce qui explique comment les révolutions dans le monde monétaire de la Grande-Bretagne ont toujours produit des effets si terribles dans les établissements plus nouveaux des États-Unis. Il en est de même partout. À un moment la machine sèment rapidement, et le pauvre Indien est pressé de produire plus de coton ; le moment d’après la machine s’arrête presque complètement, le prix a baissé, il est ruiné. Cultivateurs et planteurs sur tout le globe voient leurs denrées subir la hausse et la baisse de jour en jour, exactement selon que s’accélère ou se retarde le mouvement au centre, duquel ils dépendent si fort. Que le blé soit cher à Londres, il renchérit partout ; que le coton et le tabac, le sucre et le café soient à bon marché, les prix s’avilissent partout ; c’est le shérif qui fait vendre. Dans de telles circonstances, il n’y a pas cette régularité de mouvement qui permet de songer à convertir la propriété mobile en propriété fixée, — ce qui est le plus haut signe de civilisation. De là suit que, dans tous les pays où Fou dépend des chances et des cours du marché anglais, la valeur de la terre n’est à peu près que nominale ; — presque toute la propriété qui y existe consiste en matières premières faisant route pour le marché, ou en utilités achevées se rendant vers le consommateur ; le tout destiné à être presque si entièrement absorbé dans le trajet, que le producteur de l’aliment peut à peine se vêtir, et que le producteur du coton meurt de faim.

La première moitié de ce siècle présente une suite de crises financières — qui toutes ont eu leur origine en Angleterre. En 1815, la roue se mouvait avec vitesse : cultivateurs et planteurs prospéraient. Trois ans après, elle se mouvait lentement, et tous étaient ruinés. Cinq ans après, la vitesse reprend, et la prospérité renaît. Quatre ans plus tard, — la roue s’arrête complètement : — la ruine et la désolation se répandent par toute la terre. Les quinze années qui suivent offrent une série de vitesses variées qui aboutit, en 1841, à la ruine presque totale des nations agricoles du monde entier. Quelle était cependant la condition de ceux qui, se tenant au centre, contrôlaient le mouvement ? Ils faisaient fortune, — leur