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la terre, son temps et le produit obtenu. On marche à l’esclavage dans la voie des taxes sur la propriété mise en mouvement, — quand le malt et le houblon payent, sous la forme d’un droit sur la bière, — quand le sable et les autres matériaux payent sous la forme d’un impôt sur le verre. Ce sont là des impôts indirects ; mais le caractère indirect est encore plus prononcé lorsque s’interpose une oscillation de la valeur en monnaie, — quand la bière et le verre payent plus ou moins, suivant que leur valeur-monnaie oscille de jour en jour. De ce genre était l’impôt espagnol l’alcavala, par lequel l’État percevait le dixième du prix argent sur les objets vendus. Tel jour la même quantité de farine se trouvait payer cinquante cents, tel autre jour elle payait un dollar. Dans telle localité elle payait vingt-cinq cents ; dans telle autre localité, le même jour, elle payait deux ou trois fois autant. Plus il y avait disette, plus le montant de la taxe était considérable ; plus il y avait abondance, moins l’État touchait de subsides. Les intérêts de l’État et du peuple se trouvant en opposition constante, la fraude agissait activement des deux côtés. Financièrement et moralement, il était impossible d’inventer un plus mauvais système ; c’est portant celui qu’on a adopté aux États-Unis.

Une protection adéquate, qui se propose pour objet, et qui, par le fait qu’elle se le propose, l’atteint, de libérer le cultivateur de la taxe constamment périodique et la plus oppressive, celle des transports, tend à élever la valeur de la terre et du travail, — et a la faculté, pour l’État, d’établir une taxation directe et honorable. Intervenir dans le commerce, dans le seul but d’alimenter le Trésor public, c’est tendre au maintien des taxes indirectes, comme la source permanente des subsides. Il semble que telle soit la politique adoptée par le peuple américain. Au lieu, cependant, d’imposer la pièce de drap ou la tonne de fer, et par là de frapper sur les importateurs de ces utilités une contribution proportionnelle au revenu, il adopte le mode de taxation qui a le caractère le plus indirect, interposant une valeur monnaie et asseyant dessus les taxes. Il en résulte précisément ce qui résultait de l’alcavala. — L’État perçoit beaucoup lorsque le sucre, le thé et le fer sont rares, et leur prix élevé ; il perçoit peu lorsqu’ils abondent et sont à bon marché. Les intérêts de l’État et de la population se trouvent en opposition ; la fraude est générale ; et il est devenu si difficile de rester probe dans les