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CHAPITRE XLIII.

CONTINUATION DU MÊME SUJET.


III. — Le peuple et l’État.

§ 1. — De la distribution entre la population et l’État. On obtient peu de sécurité, au prix de contributions énormes, dans le premier âge d’une société. A mesure qu’il se forme diversité d’emplois, et que les hommes sont en état de combiner ensemble, la sécurité s’accroît et s’obtient à moins de frais.

Le jour où Crusoé découvrit qu’il avait des voisins qui étaient encore plus pauvres que lui, il entra dans une crainte de tous les instants pour sa vie. Vendredi, cependant, lui étant survenu pour compagnon, il se sentit plus rassuré. — L’un pouvait faire sentinelle, tandis que l’autre se livrait au sommeil ou au travail. Ce fut et c’est encore là l’histoire de tous les établissements primitifs. Forcés de pourvoir à leur sûreté, les premiers habitants de la Grèce et de l’Italie eurent toujours soin de placer leurs villes au sommet d’une montagne, — précaution à laquelle ils eussent été conduits, quand bien même le pouvoir ne leur eût pas manqué de cultiver les sols fertiles des vallées, capables de rémunérer le travail trois fois davantage. Il en a été ainsi dans le sud de l’Angleterre, — chaque petit sommet présente encore les traces d’une occupation primitive. Ce fut l’histoire des puritains de Massachusetts et des cavaliers de la Virginie, c’est l’histoire actuelle des settlers du Kansas et de l’Oregon, — chacun y est forcé de pourvoir à sa défense personnelle. Comme il n’existe point encore d’application systématique et régulière du travail à l’œuvre d’acquérir la domination des grandes forces de la nature, l’énergie potentielle de