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Bien différentes sont les tendances de la doctrine qui enseigne que « le propriétaire trouve un double avantage dans la difficulté de production, — puisqu’il obtient une plus grande part et qu’il est payé dans une utilité de plus haute valeur[1]. » Si cela eût été exact, M. Ricardo eût été parfaitement autorisé à affirmer, comme il le fait, que les intérêts des propriétaires du sol sont constamment en opposition avec ceux de toutes les autres classes de la société, — tout le profit dans leurs transactions avec le public leur revenant, toute la perte tombant sur ceux avec qui ils traitent. Ce système, étant ainsi un système de discorde universelle, tend nécessairement à la perturbation du droit de propriété, comme l’a démontré l’un de ses partisans les plus distingués.

« Lorsqu’on parle du caractère sacré de la propriété, on devrait toujours se rappeler que ce caractère sacré n’appartient pas au même degré, à la propriété de la terre. Aucun homme n’a fait la terre. Elle est l’héritage primitif de l’espèce humaine tout entière… Si l’État est libre de traiter les possesseurs de la terre comme des fonctionnaires publics, ce n’est que faire un pas de plus que d’avancer qu’il est libre de les écarter. Le droit des propriétaires à la possession du sol est complètement subordonné à la police générale de l’État. Le principe de propriété ne leur donne pas droit à la terre, mais ne donne droit qu’à une compensation pour toute portion de leur intérêt dans cette terre dont il ne peut convenir à la police de l’État de les priver[2]. »

Poursuivant cette idée ainsi présentée, un autre professeur distingué de la même école a depuis enseigné que la dernière confiscation qui vient de s’opérer de la propriété foncière en Irlande, ne tarderait pas à être demandée en Angleterre[3].

    des classes pauvres, elle est consolante au plus haut point. » Plus loin il ajoute : « Nous avons montré que la Providence, en pourvoyant ainsi, par l’accroissement du capital, à une dernière limite de son importance, a, par le même procédé, pourvu à son extension. La compensation du capitaliste se trouve, il est vrai, diminuer dans son rapport avec le total de la production; mais la quote-part moins élevée dans une production plus considérable, au lieu de diminuer la rémunération de ceux qui possèdent les accumulations du passé, augmente. En d’autres termes, propriétaire, capitalistes et travailleurs ont un intérêt commun — celui de l’accroissement de productivité du travail. » Bibliotheca dell Economist, vol. XIII, p. 70.

  1. Ricardo. Chapter on Rent.
  2. Mill. Principles, liv. II, chap. ii.
  3. Economist, 1852, p. 635, voy. précédem. liv. II.