Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/124

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contre eux, — ne peuvent acquérir ou retenir un approvisionnement convenable de ce grand instrument d’association qui a nom monnaie. Ceux qui le possèdent en tirant alors de grands profits, et le nombre considérable de ceux qui ne l’ont point étant appauvris, il y a grande demande pour emprunter, et insuffisance de capital pour répondre à la demande, comme nous voyons que c’est précisément le cas dans les États de l’Ouest. Le bas intérêt provient, comme dit l’écrivain de ce qu’il y a peu de demandes d’emprunt, un capital supérieur à la demande, et peu de profits à réaliser dans le négoce. » Lorsque le capital abonde, la rémunération du travail s’élève, et c’est alors que diminue la nécessité d’emprunter et que diminue de jour en jour le pouvoir du négociant. Producteurs et consommateurs s’enrichissent parce que s’est accrue la possibilité de retenir pour leurs propres fins et usage, les produits de leur travail. Quand l’argent est rare, les négociants font des primes. Quand il abonde, il y a tendance chaque jour croissante à ce que le travailleur s’élève à l’égalité de condition avec le trafiquant, qui vit sur le travail des autres.

§ 11. — Vues erronées d’Adam Smith au sujet de la loi naturelle qui règle le prix à payer pour l’usage de l’argent.

Les doctrines d’Adam Smith sur la question d’intérêt ont pour base la théorie erronée sur laquelle sont assises celles de l’école Ricardo-Malthusienne[1]. « Après que tous les sols de qualité supérieure et de situation meilleure ont été occupés, la culture trouve moins de profit à faire en s’appliquant aux sols inférieurs en qualité et situation, un intérêt moindre est fourni au capital ainsi employé. »

Malheureusement pour cette théorie les faits sont précisément le contraire. Le colon pauvre commence invariablement par les sols pauvres ; c’est seulement lorsqu’il entre en possession d’un meilleur outillage qu’il est en état de s’attaquer aux sols riches. Précisément alors le taux d’intérêt s’abaisse. Plus le travail est rémunéré, plus s’accroît la facilité d’obtenir l’argent qui est l’instrument de circulation pour les produits du travail, — le taux d’intérêt tendant à baisser à mesurer que s’accroît le pouvoir de commander l’utilité dont on payera l’usage.

Cette idée erronée du docteur Smith le fait tomber nécessairement dans plusieurs contradictions avec lui-même. Ainsi, après

  1. Richesse des Nations, liv. I, chap. xi.