Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de C, le négociant qui reçoit des profits. Le fonds qui sert à acquitter tout cela, c’est le froment, et rien autre ; il est donc évident que le producteur bénéficiera de toute diminution de la part prise par les parties qui se placent entre lui et D, le consommateur du pain ; tandis que tous les deux auront à souffrir de tout ce qui accroît cette quote part. Les intérêts de A et de D sont en antagonisme à ceux de B et de C. Ils désirent donc que le taux de profit soit bas, — comprenant fort bien que moins il y aura de frottement dans le trajet entre eux, et plus s’accroîtra leur part dans les utilités produites. B et C désirent, au contraire, accroître le frottement, — acheter les services du travailleur et ses produits au meilleur marché, et les vendre le plus cher possible, — moyen de s’assurer un taux élevé de profil ; sur quoi M. Mac-Culloch vient nous dire que mieux ils réussiront à atteindre leur but, et plus il en résultera d’accroissement du capital. En ce cas, le capital s’accroîtrait bien plus vite dans Minnesota que dans l’État des Massachusetts — car le taux du profit y est trois fois plus élevé. C’est le contraire, heureusement, qui arrive. Lorsque le taux du profit est élevé, la quantité touchée de profit est toujours faible, — le capital restant longtemps à s’accroître. Lorsque le taux est bas, la quantité est considérable, — le capital s’accroissant très-vite. Plus il y a rapprochement des prix des matières premières et de ceux des utilités achevées, plus le taux baisse, mais la quantité augmente, — ce qui est prouvé par l’accroissement rapide du capital, en ce moment en France, en Allemagne, en Suède et en Danemark. Plus il y a d’écart entre les prix, plus le taux de profit s’élève, mais l’accroissement du capital est plus lent, — comme on le voit aujourd’hui en Turquie, en Portugal, en Irlande, et dans tous les autres pays de libre échange.

Les faits sont donc incompatibles avec la théorie de M. Mac Culloch, comme les désirs du négociant, qui veut acheter bon marché et vendre cher, le sont avec ceux du producteur et du consommateur, qui sentent que plus s’abaisse le taux du profit et plus grand sera le fond sur lequel ils doivent nourrir et vêtir leur famille. L’inconséquence est le caractère essentiel de l’économie politique moderne ; et par la raison que tous les enseignements ont pour base cette assertion, que l’homme débute par cultiver les sols riches, — un fait qui ne s’est jamais présenté et ne peut pas se présenter. À la