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population augmente, que les hommes deviennent, de plus en plus, capables de combiner leurs efforts, que le commerce se développe, chaque individu devient, de plus en plus, capable de produire quelque chose qu’il échangera avec d’autres individus, contre les efforts qu’il désire leur voir faire ; et c’est ainsi que, de jour en jour, la demande des efforts intellectuels et physiques devient plus continue, en même temps qu’il y a pouvoir constamment plus considérable de fournir au fonds commun un revenu, dont la proportion excède le capital qui a été consommé.

Les mots Commerce, Association et Société, n’étant, ainsi que le lecteur l’a déjà vu, que des modes différents d’exprimer la même idée, et toute la puissance de l’homme pour maîtriser les forces de la nature, résultant de l’existence de la puissance d’association et de combinaison, il suit de là, nécessairement, que plus le commerce est parfait, plus la circulation sera rapide, plus sera immédiate la demande de force humaine, plus les revenus du travail seront considérables, et plus grande aussi sera la proportion qui s’établira entre les denrées produites et les denrées consommées. C’est par suite de l’économie de puissance que les hommes associés entre eux accumulent si rapidement un capital à l’aide duquel, ils obtiennent un empire plus étendu sur les grandes forces naturelles, et peuvent ainsi marcher constamment de triomphe en triomphe, chacun de ces triomphes successifs étant plus éclatant que celui qui l’avait précédé. Leur marche est constamment accélérée, tandis que celle du sauvage, chaque jour obligé de gaspiller de plus en plus son capital, est constamment retardée ; et, conséquemment, il arrive que, tandis que les premiers (les hommes associés entre eux) exercent chaque jour une diminution plus étendue sur la nature et sur eux-mêmes, le second (le Sauvage) se trouve devenir, de plus en plus, l’esclave de la nature et de ses semblables.

§ 2. — Plus cette économie s’accroît, plus s’accroît la proportion de travail employé, qui peut être donné au développement des pouvoirs de la terre et à augmenter la quantité des produits bruts. Changements successifs dans les proportions des forces qui sont employées, comparées à celles qui sont complètement perdues.

Du moment où le colon a appelé à son aide l’arc, le couteau et le canot, il a trouvé, à mesure qu’il en a fait usage successivement, une diminution dans la proportion de la somme du travail qu’il devait appliquer nécessairement à chercher les subsistances fournies par la nature, et une augmentation dans celle qu’il pouvait consacrer à défricher la terre autour de sa maison, dans le but de contraindre cette terre à lui fournir les subsistances nécessaires