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Quelques années après, nous avons une autre répétition de la même opération. Le montant des débets de la banque, appelé les dépôts, qui, en mars 1832, était de 9.318.000 livres, fut, en 1835, de 20.370.000, — ayant ainsi plus que doublé. Alors vint la crise, — la banque jetant de nouveau les valeurs sur le marché et par là détruisant la valeur de la propriété, au point de lui permettre, dans l’année suivante, de réduire les crédits sur ses livres à 13.330.000 livres.

Au bout de deux ans seulement, la manœuvre se répéta. Cette fois il ne fallut qu’une seule année pour amener l’oscillation, — le mois d’octobre 1837, ayant montré l’établissement dans une situation si difficile qu’il ne fut sauvé de la banqueroute que grâce à la banque de France qui vint à son aide. Le commerce fut à peu près suspendu ; la détresse fut presque universelle ; manufacturiers et marchands furent ruinés ; mais la banque fit ses dividendes ordinaires, en même temps que les prêteurs de monnaie et les propriétaires d’annuités s’enrichirent. Cet effet régulier de tous les mouvements de cette banque nous donne ainsi la clef des oscillations extraordinaires de la possession de propriété dans la Grande-Bretagne, — oscillations dont le résultat a été de réduire le nombre des propriétaires fonciers au sixième de ce qu’il était à l’époque d’Adam Smith. Stabilité et régularité tendent à produire division de la terre et élévation du travailleur agricole. Instabilité tend à la consolidation de l’une et à l’abaissement de l’autre ; et ce sont les résultats obtenus ici.

§ 7. — Acte de la banque de sir Robert Peel. Son objet est de produire fermeté dans le mouvement monétaire. Son effet a été d’accroître le pouvoir qu’a la banque de ralentir le mouvement sociétaire. Il a échoué complètement.

La fréquence et l’étendue prodigieuse de ces oscillations ayant conduit à mettre en doute la capacité de ceux à qui avait été confié le maniement de la circulation, on désira fortement constater par quelles lois, s’il en était aucune, l’établissement se gouvernait. Le Parlement nomma une commission d’enquête qui entendit de

    contenant 700.000 livres en billets d’une et de deux livres fut découverte par hasard dans la banque d’Angleterre et livrée à l’instant au public. Cela permit de suivre d’un pas égal la circulation jusqu’à ce que les nouvelles notes pussent être émises. L’effet se fit bientôt sentir. Les gens ayant des billets, se relâchèrent de leur demande d’or ; la confiance commença à renaître devant les moyens fournis d’acquitter les engagements ; et dans un meeting de banquiers et de marchands de la cité de Londres, on vota des déclarations de confiance dans le gouvernement et la banque d’Angleterre, ce qui contribua beaucoup à rétablir la confiance générale. » — Alison. History of Europe.