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taux de l’intérêt élevé. Dans les premiers il y a tendance de chaque jour à ce qu’augmente la liberté de l’homme ; tandis que dans les autres, la tendance est dans la direction opposée — vers l’asservissement de l’homme à la domination de ceux qui vivent de taxes, rentes et intérêts sur argent prêté. Pour en avoir la preuve, il nous suffit de regarder autour de nous au moment présent, et de voir quelle oppression la rente et l’intérêt exercent sur les classes pauvres de la société, — combien de solliciteurs pour le moindre emploi public, — et par-dessus tout combien le paupérisme s’est accru dans les trois années dernières où les exportations d’espèces ont été si considérables.

Prenons le Mexique ou le Pérou, la Californie ou la Sibérie, nous n’y voyons que très-peu de cette combinaison d’action nécessaire pour donner utilité aux produits métallurgiques. — La terre a peu de valeur — le taux d’intérêt de monnaie est plus haut que dans toute autre société organisée du monde. Suivons ces produits ; nous les voyons passer graduellement par les États de l’Ouest à nos villes sur l’Atlantique, ou par la Russie à Saint-Pétersbourg, — chaque pas de leur marche tendant vers ces États ou pays dans lesquels ils ont l’utilité la plus haute, ceux où la combinaison d’action existe au plus haut degré, et où par conséquent l’homme va acquérant de jour en jour pouvoir sur les diverses forces de la nature, et la contraint de plus en plus à l’aider dans ses efforts pour l’acquisition d’un pouvoir plus grand.

§ 2. — Comme ils coulent toujours vers les pays où il y a le plus rapprochement entre les denrées brutes et les utilités achevées, le pouvoir de commander leurs services est une preuve constante de civilisation. Leur tendance longtemps continuée vers la Grande-Bretagne, accroissement actuel du pouvoir attractif de la France.

Pour plus d’un siècle, la Grande-Bretagne fut le réservoir où se déversait la plus grande partie de l’or et de l’argent qui se produisent sur le globe. C’était là que l’artisan et le fermier étaient le plus rapprochés l’un de l’autre — qu’il existait le plus de pouvoir d’association, — que les matières brutes ultimes des utilités, la terre et le travail, étaient le plus utilisées, et que la consommation d’or et d’argent dans les arts était la plus forte[1]. Aujourd’hui l’état des choses est tout différent. D’année en année la terre du Royaume-Uni a été se consolidant — le petit propriétaire a cédé la place au grand fermier intermédiaire, et au simple journalier. Il en résulte que la Grande-Bretagne a cessé d’être un lieu où se produisent des utilités à échanger contre les produits d’autres pays, pour devenir une

  1. Il y a trente ans la consommation annuelle des métaux précieux dans la Grande-Bretagne, était évaluée à 2.500.000 liv. st.