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le consommateur du producteur, en économisant ainsi le transport et rapprochant autant que possible les prix des denrées brutes et des articles manufacturés. Il y a vingt ans, son tarif fut légèrement modifié dans le sens du libre-échange ; mais, six ans après, elle revint sur ses pas, et inaugura de nouveau la politique de pleine protection. Quel a été l’effet, nous allons le voir.

L’industrie cotonnière, en 1831, comptait moins de 2.000.000 broches ; mais, en 1840, le chiffre s’élevait déjà à 6.000.000. Dans la première de ces années, elle importait en coton brut moins de 800.000 livres, mais, dans la dernière, le chiffre atteignit 1.800.000. Dans les trois années qui finissent en 1846, il fut de 10.000.000 ; tandis que, dans les trois qui finissent en 1853, il atteignit jusqu’à 27.000.000. Dans la première de ces périodes, la quantité de filés importés montait à 5.000.000, et, dans la dernière, à 3.600.000. La moyenne annuelle de coton, tant brut que filé, fut dans la première 5.000.000 livres ; tandis que, dans la dernière, elle dépassa 10.000.000.

Prenant les années 1845 et 1852 comme la moyenne de ces périodes, nous avons donc une consommation qui a doublé dans le court espace de sept années, ce qui donne par tête plus que trois livres ; — en tenant compte de la nature du climat, — c’est plus que la consommation de nos États-Unis, la patrie du coton.

Voici pour l’importation d’autres denrées brutes :

1844 à 1846 1851 à 1853
Chanvre 5.400.000 livres. 6.200.000 livres.
Cuirs et peaux 6.400.000 8.700.000
Laine 5.000.000 5.600.000

Toutes ont ainsi considérablement augmenté.

L’industrie lainière existe, par tout le pays, dans les habitations rurales, — employant ainsi du temps et de l’intelligence qui autrement seraient perdus ; et pourtant il se fabrique annuellement dans de plus grands établissements au-delà de 1.000.000 aunes de drap.

En 1840, il se fabriquait environ 80.000 tonnes de gueuse de fer, pouvant fournir environ 65.000 tonnes de fer en barre. En 1853, le fer en barre montait à 115.000 tonnes ; et, en y ajoutant