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accroissement dans celle qui est appliquée aux travaux de transport et de transformation. Les terres où se rencontre le minerai acquièrent alors de la valeur, mais le fer perd la sienne, la matière première et l’article fabriqué se rapprochant constamment, en même temps qu’a lieu un accroissement correspondant dans la proportion du travail consacré à l’augmentation de quantité, et une diminution dans celle qui est employée à opérer des changements de forme et de lieu. Les utilités augmentent à mesure que les valeurs diminuent ; et à chaque phase de cette diminution, il se manifeste un accroissement dans la valeur de l’homme et dans sa puissance d’accumulation.

Ce qui est vrai relativement aux arbres et au bois de construction, à la houille, au minerai et au fer, doit l’être aussi relativement à la laine et au drap. Tout progrès dans la fabrication du drap tend à augmenter la demande de laine, et donne lieu à un accroissement de la somme d’efforts humains consacrés à l’œuvre de la culture, en même temps qu’il diminue la somme des efforts consacrés à la transformation, et qu’il produit ainsi ce changement dans les proportions du corps social, sur lequel nous avons déjà appelé l’attention.

§ 6. — Comme l’agriculture est la profession qui exige la plus grande somme de connaissances, elle est aussi la dernière à atteindre son développement. Ce développement exige que le résidu des productions de la terre fasse retour à la terre. Pour que s’opère ce retour, il faut que le lieu de conversion soit proche du lieu de production. Plus il y a rapprochement, plus la facilité de combinaison se perfectionne et plus s’accroît l’économie de force humaine.

Les changements que nous avons déjà décrits ne sont qu’un acheminement vers ce but important et essentiel. À savoir : obtenir des quantités plus considérables de subsistances, de vêtements, et des mille autres denrées nécessaires pour l’entretien et l’amélioration de la condition de l’homme, et pour le développement de ses diverses facultés. Pour atteindre ce but, il a besoin de faire travailler la terre à son profit, opération qui exige un haut degré de connaissance. La physique, la géologie, la chimie, la météorologie, la science de l’électricité, l’entomologie, la physiologie végétale et animale, et une connaissance approfondie des habitudes des plantes et des animaux, toutes ces sciences sont nécessaires pour constituer l’habile agriculteur, c’est-à-dire l’homme qui a pour mission de diriger les forces de la nature, de façon à produire ces changements essentiels auxquels nous sommes redevables d’un accroissement dans la quantité de blé, de laine, de sucre, de riz, de coton et de soie, susceptible d’être transportée ou transformée. Sans cet accroissement, la population ne peut se développer, la société ne peut se former, ni le commerce s’entretenir. Chacun prête